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Tant de souvenirs, de tourments et
de sacrifices restent bien ancrés dans le cœur de tous ceux qui, par leur
courage, leur abnégation et le don de soi participèrent à la libération
du sol de France.
Par ce qu’ils ont vécu dans leur chair et au plus profond de leur être,
la mémoire de ce jour appartient à eux seuls.
Mais sachons rappeler à nos contemporains et transmettre aux générations
futures l’idéal qui animait en 1944 les armées, l’effort qu’elles ont fourni
et le prix qu’elles ont payé pour la reconquête de la liberté nationale.
La France a décidé de célébrer très officiellement le soixante-dixième anniversaire
des débarquements de Normandie et de Provence.
Plus modestement, il est bon que Neuilly-en-Thelle se souvienne de sa libération
et des évènements qui l’ont précédée.
Les derniers jours d’Aout 1944 furent, pour ceux qui les vécurent, des moments
inoubliables.
Pour nos libérateurs de la 30ème Division d’Infanterie des Etats-Unis d’Amérique,
ce jour-là est aussi le leur.
Ils avaient 20 ans, ils étaient loin de chez eux. Personne ne doit oublier
l’aide apportée par l’armée Américaine à la réalisation de la victoire finale,
et ce pour la seconde fois en un siècle !
Je vais vous lire le texte écrit par Monsieur Jacques Labeille pour le journal
de l’école des garçons de 1ère classe et de leur Maître Monsieur Vicherat,
« La Revue de Neuilly-en-Thelle » du 19 novembre 1944.
« Depuis quelques jours on entendait le son du canon. Les avions ronronnaient
sans cesse, bombardant tout.
Enfin le 30 août fut mouvementé. Le canon tonna toute la journée. Le soir,
des convois passaient sans cesse, emportant des canons, des munitions et
des hommes, le cou entouré de bandes de balles. Les alliés ne devaient pas
être loin.
Le lendemain plus d’Allemands, quelques coups de canon et c’est tout. Les
gens disent que Chambly et Beaumont sont aux mains des alliés.
Je n’y crois pas ! Je déjeunais lorsque Monsieur Faes me dit :
- La postière du Mesnil a téléphoné
que les blindés américains ont dépassé Bernes.
Je sursaute de joie. Nous avertissons nos voisins. Une demi-heure se passe,
soudain, on entend un roulement, la terre tremble, puis plus rien.
J’accours. En effet 5 tanks américains sont arrêtés. Tout le monde tend
les bras. Pensez ! Ils distribuent des cigarettes ! En échange, les civils
apportent du vin et des gâteaux.
Déjà tout est pavoisé. Les cloches sonnent la libération. De petites autos
américaines en communication avec d’autres troupes circulent.
Un soldat annonce le passage de l’infanterie. Celle-ci, en deux rangées,
s’avance. Entretemps Monsieur Duval organise la résistance qui se porte
à chaque bout du pays. Une escarmouche s’engage. En un clin d’œil, plus
de drapeaux. Deux allemands sont tués, ces soldats fuyaient à bord d’un
tombereau réquisitionné et conduit par Monsieur Denamal qui malheureusement
fut tué en même temps qu’eux rue du Mouthier. Cinq sont pris. Aucune perte
du côté américain.
Tout l’après-midi des convois passent sans arrêt. Le soir les soldats font
repos au Chalet route de Crouy. Ils viennent chercher de l’eau à la maison.
Je vais leur rendre visite. Ils nous donnaient tout. Le soir, tout le monde
s’endormit, le cœur soulagé et le visage réjoui. ».
Le 31 août 1944 restera longtemps gravé dans la mémoire des Français qui
furent délivrés à Neuilly-en-Thelle par nos alliés, les Américains.
Vive l’Amérique.
Pascal Piot